Fondateur du journal suisse germanophone en ligne infosperber, le journaliste Urs P. Gasche, spécialiste des questions de santé, démonte les prédictions anxiogènes de la patronne de la Task Force helvétique, Tanja Stadler. La pythie avait mis en garde contre un terrible mois de janvier en raison du coronavirus. Or la réalité est très différente.
(Traduction française par Covidhub)
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La Task Force sanitaire suisse avait annoncé un mois de janvier catastrophique en raison du Coronavirus. Elle s’est trompée sur toute la ligne.
Comment le groupe de travail a-t-il pu se tromper de manière aussi grossière? A Berne, heureusement, tous les décideurs n’ont pas cédé à la panique. Le gouvernement suisse n’a pas suivi la Task Force ; les mesures qu’il a adoptées témoignent d’une certaine prudence.
Les faits
Début janvier, la Task force a présenté des scénarios selon lesquels la montée de l’onde Omicron pourrait complètement surcharger les hôpitaux dans le courant du même mois. Dans le pire des cas, anticipaient les experts, 600 patients Covid se retrouveraient bientôt aux soins intensifs. L’estimation la plus optimiste faisait état de 80 patients supplémentaires chaque semaine depuis le début du mois.
Virginie Masserey, responsable du contrôle des infections à l’Office fédéral de la Santé (OFAS), appuyait Tanja Stadler lors de la même conférence de presse: «La dynamique Omicron nous conduit à prévoir que les hospitalisations vont encore augmenter». Ni Masserey ni Stadler ne voulaient entendre parler de l’évaluation de la situation faite par le virologue Klaus Stöhr, lequel affirmait que le danger du variant Omicron était surestimé.
Elles ne voulaient rien savoir non plus des déclarations de l’ancien démiurge de l’OFAS, Daniel Koch. Le 4 janvier déjà, ce dernier expliquait pourquoi l’écart entre les personnes infectées et hospitalisées était plus important qu’il ne l’avait jamais été pendant cette pandémie: « Du fait de la vaccination ou d’une maladie déjà contractée, beaucoup de gens disposent d’une immunité de base, ce qui les protège d’une évolution grave».
Les scénarios du groupe de travail ont conduit, entre autres, aux titres suivants dans les médias:
Walliser Bote, mercredi 12 janvier 2022
A la veille de la semaine de tous les dangers d’infection
Les déclarations de la Task Force sont reprises sans guillemets.
Luzerner Zeitung, samedi 15 janvier 2022
« Pas de sortie du tunnel avant mi-février »
Les déclarations contiennent cette fois des guillemets.
Blick du mercredi 12 janvier 2022
La Task Force met en garde contre une vague monstre
Blick ajoute entre guillemets un sous-titre des plus justifiés: «Mais est-elle vraiment dangereuse?» Car depuis le 1er janvier 2022, il y a de moins en moins de patients dans les unités de soins intensifs devant être soignés en raison du Covid. Pour beaucoup, en particulier les jeunes, le Covid n’est qu’un diagnostic secondaire.
Vendredi 11 février dernier, il n’y avait pas 600, mais 200 malades du Covid dans les services de réanimation, soit 70 patients de moins qu’au début du mois de janvier. On est loin des 80 patients… de plus annoncés! De fait, un graphique de l’OFAS établi le 13 février 2022 montre qu’il y a de moins en moins de patients depuis le début de l’année.
La Task Force dans l’urgence d’une justification
Sur le site web de la Task Force, on ne trouve nulle trace de cette erreur monumentale de jugement. Une demande d’Infosperber est restée sans réponse. Tanja Stadler a déclaré à « CH Media » que la Task Force s’était «basée sur des données d’autres pays». Elle admet toutefois que de toute évidence, en Suisse, «le risque de devoir être hospitalisé en cas d’infection a diminué davantage que dans les pays limitrophes».
Dans la Sonntags-Zeitung, elle retient l’hypothèse que les personnes âgées ont pu agir chez nous plus prudemment. Un comportement responsable «a peut-être réduit les contacts infectieux».
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